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Phèdre de Jean Racine

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Phèdre de Jean Racine Empty Phèdre de Jean Racine

Message par chaa* Mer 5 Mai 2010 - 5:36

Acte I



La pièce s'ouvre in medias res, par une
scène entre le héros, Hippolyte, et son confident Théramène. Ce
type de scène, fréquent dans la tragédie classique, permet d'allier
les informations nécessaires à l'intelligence de l'action et un
certain naturel. L'exposition, qui se prolonge jusqu'à la scène 3, est à
la fois discours sur l'action et début de cette action. On apprend
qu'Hippolyte s'apprête à quitter Trézène, à la recherche de son
père Thésée dont il est sans nouvelles. En réalité, cette quête
masque une fuite, puisque le jeune homme avoue être amoureux
d'Aricie, soeur des ennemis de Thésée : c'est le premier aveu de
l'exposition, vers 56. Phèdre apparaît à la scène 3, languissante
et désirant mourir. Elle est accompagnée de sa confidente Oenone, à
qui elle finit par révéler son amour coupable et vainement
combattu pour Hippolyte, son beau-fils.

A la scène 4, l'annonce de la mort de
Thésée constitue un évènement qui noue l'action.

L'acte I noue les fils de l'action et
constitue le premier palier : le premier aveu de Phèdre.
Acte II



Nouvelle scène héros-confident, cette fois entre
Aricie et sa suivante Ismène (scène 1). Aricie lui avoue son amour
pour Hippolyte, qui désormais tient son sort entre ses mains.
Hippolyte vient ensuite remettre le pouvoir de l'Attique à Aricie,
et finit par lui déclarer son amour (scène 2). Celle-ci lui laisse
entendre que ses sentiments sont partagés avant de quitter la scène
(scène 3).

Phèdre vient à Hippolyte, plaider en faveur
de son fils (scène 4). Emportée par sa passion elle avoue au jeune
prince l'amour qui la consume. Egarée, elle s'offre à son épée
pour expier son crime et lui arrache son arme (scène 5). Hippolyte
resté seul, part vérifier la rumeur selon laquelle Thésée serait en vie
(scène 6).

Deuxième palier dans la descente aux enfers
de Phèdre : elle a avoué son amour à Hippolyte. La faute est
encore plus grave si Thésée n'est pas mort.
Acte III



Phèdre désepérée s'en remet à Oenone qui la
convainc de fléchir Hippolyte en lui offrant le pouvoir (scène 1).
Restée seule, la reine invoque Vénus, instrument de sa perte (scène
2). Avant d'avoir accompli sa mission, Oenone revient annoncer à
sa maîtresse le retour de Thésée. Elle l'exhorte à accuser
Hippolyte pour sauver son honneur (scène 3). Thésée paraît. Phèdre
s'enfuit avec quelques paroles équivoques (scène 4). A Thésée qui
lui demande des explications, Hippolyte répond par son désir de
fuir. S'installe alors un malentendu entre le père et le fils
(scène 5).

Le malentendu est un moteur du tragique.
Phèdre s'en remet complètement à Oenone.
Acte IV



Oenone accomplit son dessein en accusant Hippolyte
d'avoir voulu séduire la reine (scène 1). Ce discours trompeur
confirme les soupçons nés aux scènes précédentes. Face à la colère
de son père, Hippolyte tente vainement de le détromper en lui
avouant son amour pour Aricie. Thésée bannit son fils et le voue à la
colère de Neptune à la scène suivante.

Phèdre se rend auprès de Thésée pour tenter
d'adoucir sa colère, mais elle renonce en apprenant l'amour
d'Hippolyte pour Aricie (scène 4). La reine seule laisse éclater sa
fureur (scène 5), et chasse violemment Oenone venue la réconforter
(scène 6).
Acte V



La première scène offre une certaine acalmie.
Hippolyte expose à Aricie les raisons qui l'ont poussé à se taire
face aux accusations de son père, et lui offre de l'épouser et de
fuir avec lui. Tandis que le jeune prince la devance, Aricie a un
entretien avec Thésée : elle laisse entendre qu'Hippolyte est victime
d'une odieuse calomnie (scène 3). Resté seul, Thésée, en proie au
doute, donne l'ordre qu'on fasse venir Oenone (scène 4). On apprend
à la scène suivante la mort volontaire d'Oenone et le désespoir
grandissant de Phèdre. Ces nouvelles plongent Thésée dans l'angoisse :
il désire revoir son fils et revient sur les voeux adressés à
Neptune. La scène 6 est la célèbre scène du récit de Théramène,
venu confirmer les craintes de Thésée : la malédiction hâtivement
prononcée s'est réalisée, prenant la forme d'un monstre surgi des
flots pour massacrer Hippolyte. La mort héroïque du jeune homme est
rendue plus pathétique encore par le désespoir d'Aricie, venue
rejoindre celui qui devait être son époux. Phèdre paraît enfin, et
avoue son crime en agonisant. (scène 7).


Quelques réflexions sur l'enjeu de la pièce
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Dans sa préface, Racine insiste sur le châtiment
qui suit la moindre faute. Selon lui, en montrant le crime, la
pièce fait de la vertu sa pierre angulaire : " les passions n'y
sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont
elles sont cause; et le vice y est peint partout avec des couleurs qui
en font connaître et haïr la difformité. C'est là proprement le but
que tout homme qui travaille pour le public doit se proposer."
Ainsi, Racine répond aux accusations portées par les jansénistes
contre le théâtre, comme Molière avant lui dans sa préface de Tartuffe.


La passion qui consume Phèdre est dépeinte
comme une maladie de l'âme et du corps. Une maladie mortelle, à
coup sûr, dont les symptômes sont décrits avec précision à
plusieurs reprises. Le terme de fureur, c'est-à-dire de folie (c'est
la signification du furor latin), est employé par la reine
elle-même, notamment lors de son aveu à Hippolyte. Les philosophes
antiques, en particulier les stoïciens comme Sénèque, considéraient
également les passions comme des maladies. Phèdre compare
d'ailleurs cet amour à un poison (vers 676). Le moyen qu'elle choisit
pour mourir, "un poison que Médée apporta dans Athènes", revêt donc
une grande importance symbolique : l'épée du héros, instrument de
destruction des monstres, lui fut refusée, et c'est le venin, image
de la passion, qui la tue.

Dans Phèdre, l'héroïne est obsédée
par la conscience de sa faute, et la présence constante des dieux
pèse comme une promesse de châtiment. La responsabilité est
largement partagée par Oenone, qui a l'initiative de l'aveu et de
l'accusation mensongère, mais elle résulte d'une démission totale de
Phèdre :

"Eh bien! à tes conseils je me laisse entraîner."
(II, 5, vers 363)

"Je t'avouerai de tout; je n'espère qu'en
toi.

Va. J'attends ton retour pour disposer de
moi." (III, 1, vers 811-812)

"Fais ce que tu voudras, je m'abandonne à
toi." (III, 3, vers 911).

Les thèmes de la souillure et de la pureté
reviennent très souvent dans son discours, comme dans ses dernières
paroles : "Et la mort, à mes yeux dérobant la clarté,

Rend au jour, qu'ils souillaient, toute sa
pureté."

La grande souffrance de Phèdre vient de
cette impossible aspiration à l'innocence. La petite-fille du
Soleil est plongée dans les ténèbres. C'est ce qui la rend digne de
pitié aux yeux du spectateur. Plus humaine que monstrueuse, Phèdre
renvoie au spectateur un peu de son image : la chute inévitable et
la grâce incertaine.

Racine, qui présente son oeuvre à la cour
du roi Soleil, souverain Très Chrétien, peut-il achever sa pièce
sur un tel désastre? La mort de l'héroïne sur scène est déjà une
bien grande liberté prise par rapport aux règles de la bienséance.

C'est Thésée qui, par ses derniers mots,
sauve l'intrigue : en prenant sous sa protection Aricie, il rompt
la chaîne de la haine héréditaire et fait naître un certain
apaisement après la catastrophe. La crise est ainsi refermée sans que
le spectateur soit totalement abandonné au désespoir dans une société
normative comme celle du XVIIe siècle.
chaa*
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