Chapitre 5 [Fr]

Sabine est en classe et sa maîtresse leur apprend qu’une de leur camarade, une dénommée Ramona, de surcroît l’une des meilleures élèves de la classe, ne fréquentera plus l’école. Tout le monde pense qu’elle est partie à l’ouest et les commentaires vont bon train. Est-elle partie seule, avec sa famille ?

Sabine se demande pourquoi tout le monde part et pas elle « Il n’y a que les imbéciles qui restent » pense-t-elle au plus profond d’elle-même.

Tous ceux qui sont partis donnent des nouvelles pendant un certain temps, en envoyant une belle carte postale bien colorée, puis peu à peu les nouvelles s’estompent de part et d’autre pour devenir inexistantes très rapidement.

Tous les esprits sont tournés vers Ramona. Sabine et son amie Karine sont également toute retournées par cet évènement qui leur rappelle à chacune des souvenirs amers. Elles sont très complices et n’attendent que la fin des cours pour pouvoir en discuter et se rendre ensemble à un certain rendez-vous qu’elles tiennent à garder secret.

Un de leur camarade de classe veut savoir ce qu’elles mijotent toutes les deux. Elles ne veulent rien lui dire, d’autant plus que leur maîtresse a des jugements bien arrêtés sur la religion et que les deux amies fréquentent un groupe de jeunes dirigé par un curé.

On apprend que le frère de Karine a lui aussi tenté de fuir la DDR et qu’il a été blessé dans sa fuite, puis rapatrié. Cet évènement a complètement bouleversé sa famille, son père a divorcé, sa mère a changé de travail et sa sœur a cessé ses études.

Elle explique que son père a refait sa vie, qu’il va se remarier et qu’il ne l’invite même pas à son mariage. Elle se sent complètement rejetée et ne comprend pas pourquoi son père tourne le dos ainsi à sa famille uniquement parce que son fils a voulu quitter son pays.

Sabine lui dit qu’elle sait déjà tout cela et que pour elle, ce n’est pas plus facile car elle n’a plus aucune nouvelle de son frère Mario depuis des semaines. Le ton monte entre les deux amies qui finissent par se fâcher, avant de tomber dans les bras l’une de l’autre.

Karine est en larmes et dit qu’à 17 ans, elle a le droit d’être heureuse et qu’après avoir passé sa maturité, elle partira elle aussi à l’ouest, ce qui laisse Sabine sans voix.