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le mollusque de Francis Ponge

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le mollusque de Francis Ponge Empty le mollusque de Francis Ponge

Message par Admin Mar 26 Mai 2009 - 6:06

Introduction :

Dans ce poème Francis Ponge étudie le mollusque, il le présente en un être presque irréel. Le mollusque n'a presque pas de consistance c'est un être dépouillé de chair, une qualité, une quintessence. Le poète nous dit : « quelque chose comme la couleur dans le tube ». La réalité consistante du mollusque est en dehors de lui c'est sa carapace, sa coquille. Cette coquille le renferme comme un rempart qui le protège, comme un écrin. Dans un premier temps, nous verrons l'être, la qualité qui n'a pas encore de consistance, ensuite nous nous attacherons à la coquille, la dureté qui le protège, son extérieur. Enfin nous verrons l'allégorie qui induit le sens, et avec elle nous devinerons cet être sans qualité ou plutôt dont la seule qualité est d’être.

Mollesse :

Le mollusque, c’est l’être, l’être sans consistance, celui qui n'a presque pas de réalité. Il est prisonnier de sa coquille, protégé par elle : : « comme la couleur dans le tube ». Il semble qu'il n'y ait rien de plus précieux que lui, parce qu'il est à ce point protégé la nature semble tenir excessivement à lui, elle l’a enfermé dans une cage à l'abri des agressions de l'extérieur.
Mais l'apparence est celle d'un crachat, d’un rebut, d’un objet repoussant, sans aucune valeur. La réalité telle qu’elle nous apparaît, d’une chose des plus précieuses, est donc bien trompeuse. Le mollusque est toute intériorité, il réside tout entier dans la tentative de rester fermé, de se clore sur soi-même. Il n'a pas d'existence, l est un être, presque une qualité nous dit Ponge. Il n'est pas même la porte qui le protège tout juste le blount, ce qui en permet la fermeture ou l’ouverture. Par rapport à l’intrus, à tout ce qui vient de l’extérieur il maintient la fermeture une sorte de muscle qui retient la porte, empêche qu’on ne l’ouvre.
La coquille est à la fois sa maison et son cercueil, elle est ce qui l’enferme, il tient à elle, il y est maintenu et ne peut en déloger. N'ayant pas de forme en lui-même il n'en a pas d'autre que celle que la coquille lui a donnée, une forme en creux, arrondie, du plasma nous dit Ponge, c’est-à-dire une matière informe, une matière non structurée, sans charpente.

Coquille :

La coquille est l'écrin qui contient le mollusque, elle a deux aspects, une face interne et une face externe, la face externe est rugueuse, c'est celle de la coquille de l'huître, la face interne est la plus belle, elle est comme un ciel intérieur. Les mollusques n'ont pas de charpente, pas de squelette, à défaut de celui-ci, ils ont donc une coquille. Les êtres vertébrés on la dureté en eux, il porte à l’intérieur d’eux-mêmes, leur coquille, en quelque sorte, ce sont le crâne et les os. Les mollusques n'ont ni crâne ni os, ils ont la coquille à l’extérieur de leur corps, et sont contenus par leur squelette alors que les vertébrés, eux, le contiennent. Le squelette les porte à l'intérieur d’eux-mêmes, alors que pour le mollusque la coquille, leur squelette externe, les contient, les renferme.
La dureté de la coquille donne à penser qu'elle renferme un trésor, mais le prix du mollusque en fait, c'est son extérieur et non pas son intérieur, c'est sa demeure qui fait son prix. Dans sa demeure réside sa beauté, il n'a pas de beauté intérieure, ainsi ce logis est en même temps son tombeau ainsi que sa beauté. Il peut être bien fait et c'est ce qui fait sa valeur. Voilà pourquoi à la mort du mollusque d'autres peuvent venir y habiter, faire de ce tombeau leur demeure, violer la sépulture en quelque sorte ce que fait le pagure, c’est-à-dire le Bernard Lhermitte. Lui vivant, il ne pourrait en chasser le mollusque, rien à faire pour « l’en tirer vivant » nous dit le poète, il faut attendre la mort du mollusque pour occuper sa demeure.

Allégorie :

Cet être qui n'existe qu'à l'intérieur et n’est soutenu que par l'extérieur de sa coquille, nous fait tendre vers un sens. Être sans existence il se maintient comme être dans l’extériorité qu’exprime la coquille, ainsi nous dit-on, ce qui dit existence de l'homme c'est sa parole, il n'a pas de force en dehors de ces mots. Toutes les cellules de son corps tiennent à cette parole comme les cellules du mollusque tiennent à sa coquille. L'homme est donc contenu tout entier dans le verbe, dans les mots, l'homme-le mollusque dans leur coquille de discours.
Le poème est cette coquille où vient se loger la parole du poète, le corps du poète. Ses paroles sont cette coquille abandonnée par l'écriture, elle nous est livrée par le livre, et nous voici violeur de tombeau, nous lecteur nous avons ouvert cette coquille vide par notre lecture, nous sommes venus nous y mettre, loger notre sensibilité, risquer nos sens. La lecture que nous en faisons devient cette fiction que nous introduisons à la place du constructeur du poème-coquille, s’il est bien fait. Nous sommes le Bernard Lhermitte, le violeur de sépultures..
Comme la coquille le poème est hermétique, il est fermé, difficile à ouvrir de l'extérieur parce qu'il résiste à l'interprétation. Hermétique se dit dans les deux sens, celui d'un objet imperméable, totalement clos, celui d’un texte, d’une parole qui résiste à l’interprétation. Nous lecteurs, sommes les herméneutes, c’est-à-dire les interprètes violeurs de sépulture.

Conclusion :

Comme pour l’huître, le mollusque se fait sens second, allégorie. Mais allégorie de lui-même dans la mesure où il devient le poème de son propre poème, il a construit la coquille qui le sécrète, comme le poème a construit le sens qui le cache. Le poème, essence à découvrir, a comme le mollusque, une coquille à ouvrir, mais à l'intérieur rien ou presque rien, une qualité, un être sans existence, quelque chose de presque répugnant, un crachat. A l'intérieur du poème de même un sens, presque rien, quelque-chose de fugitif que nous nous approprions car l'auteur, celui qui a conçu le poème, est déjà parti, déjà mort et nous, occupant sa sépulture, nous nous en approprions le tombeau y découvrant le sens que nous y mettons.



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