Bonhomme de neige s'envole d'Odile Caucat

Cathie, Paul et Julie font un bonhomme de neige.
"Tu es le plus grand, tu es le plus beau, chante Cathie en enfonçant une carotte à la place du nez.
- Tu es le plus gentil, tu es le plus joli, chante Paul en lui mettant une vieille écharpe au cou, des moufles et un bonnet.
- Tu es le plus coquet, tu es le plus muet ! chante Julie en lui donnant son balai.

Puis les enfants, qui en ont assez de jouer avec la neige, s'en vont plus loin.
"Quoi ? Ils m'abandonnent déjà ? Grogne Bonhomme. Ah, si je pouvais bouger, je me cacherais pour qu'ils me cherchent très longtemps !"

Le temps passe et Bonhomme s'ennuie sans les enfants. Pourtant, un rouge-gorge vient lui tenir compagnie. Plus tard, un lapin bavarde avec lui. Tout à coup, voici le vent qui se lève. Il est toujours pressé, le vent. Mais en voyant le gros chagrin de Bonhomme, le vent s'arrête.
"Tu t'ennuies ? Tu veux bouger ? Eh bien, je vais t'aider, moi !"

Alors, le vent souffle si fort que Bonhomme s'envole ? En passant au-dessus des enfants, il leur crie d'une voix moqueuse :
"Au revoir ! Amusez-vous bien sans moi ! Je ne sais pas si je reviendrai..."

Maintenant, Bonhomme vole très haut dans le ciel. Comme il a un petit peu mal au cœur, le vent l'installe sur un nuage.
"Ça va mieux ? On continue ? demande le vent.
- On continue !" Dit Bonhomme qui aime l'aventure. Il n'a vraiment pas peur!

Ils survolent des montagnes, des champs, des rivières, des étangs, des maisons. Soudain, la mer apparaît au-dessous d'eux.
"Que c'est beau ! Comme elle bouge !" murmure Bonhomme.

Le vent tourne un peu pour descendre. Ainsi, Bonhomme peut s'amuser à faire la planche sur l'eau. Il se sent en vacances !

Quand Bonhomme a bien joué sur l'eau, les deux amis repartent. Mais ils ne voient plus grand-chose, car la nuit tombe. Bonhomme, bien installé sur son matelas de nuages, continue son voyage au milieu des étoiles. Le vent ralentit un peu ; il berce Bonhomme qui finit par s'endormir.

Et quand il se réveille, au matin, qu'aperçoit-il ? De nouveau la Terre ! Mais comme c'est bizarre, il ne reconnaît pas sa Terre, celle qu'il a quittée il n'y a pas très longtemps. Et où sont les enfants qui ne voulaient plus jouer avec lui ?
"Vent, dit Bonhomme, où sommes-nous donc ?"
Le vent lui répond, en soufflant très fort.
"En Afrique, voyons ! Regarde au sol..."

Bonhomme cligne des yeux et voit, tout en bas, des dunes de sables et des chameaux.
Le soleil chauffe fort, et Bonhomme se sent de plus en plus mal. D'ailleurs, en s'essuyant le front, il se rend compte... qu'il fond ! Et ça c'est très grave !
"Flûte, dit le vent, j'ai fait une bêtise en t'amenant ici. Il y fait trop chaud pour toi !"
Alors, il emporte très vite Bonhomme en faisant pin-pon ! pin-pon ! car il y a urgence !

Et voilà Bonhomme sur un champ tout glacé.
"Ouf ! Ça va mieux ! Dit-il en remettant écharpe, moufles et bonnet, car il fait de nouveau frisquet. Le vent crie dans la tempête :
"Ici, c'est le pôle Nord ! Il y fait un froid épouvantable ! Mais tu auras plein d'amis : des phoques, des otaries, quelques oiseaux. Tu verras, tu seras très heureux !"

Bonhomme regarde autour de lui. Des animaux s'approchent, très contents d'avoir un nouveau copain. Celui-ci demande :
"Mais où sont les enfants ?
- Des enfants ? répond le vent. Il n'y en a pas ici, il fait beaucoup trop froid !"

Bonhomme se sent tout triste, tout à coup.
"Pas d'enfants ? impossible ! Je repars avec toi ! Je préfère retrouver Cathie, Paul et Julie. Je leur raconterai mon voyage, on jouera encore un peu...
- Et au printemps ? interroge le vent, as-tu pensé au printemps.
- Ben quoi, au printemps... je fonderai ! Mais les enfants referont un autre Bonhomme l'hiver prochain."