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Chapitre 14 [Fr]

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Chapitre 14 [Fr] Empty Chapitre 14 [Fr]

Message par Admin Lun 15 Juin 2009 - 8:48

Sabine se décide enfin à écrire à son ami Thomas et espère qu’il ne l’a pas oubliée. Pour sa part, chaque jour elle a le sentiment qu’elle sait de moins en moins d’où elle vient. Tout ce qu’elle sait est qu’elle a perdu sa famille, ses amis et Leipzig.

Elle lui explique qu’elle habite chez Mario, qu’elle dort sur un canapé pliant à la cuisine, que la cohabitation se passe bien car Mario n’est pas souvent là, précisant qu’il n’a pas beaucoup changé. Avant il rouspétait contre la DDR, maintenant il fait de même contre l’Allemagne de l’ouest. Il ne veut en aucun cas rentrer au pays, il a plutôt l’intention de se rendre en Australie. Il n’admettra jamais qu’il a le mal du pays.

J’ai l’impression que Mario voulait fuir la famille et que nous l’avons suivi, ce qui ne l’arrange pas du tout. Il y a des tensions entre sa mère et son frère, car elle n’arrête pas de lui faire des recommandations et lui donner son avis sur tout, ce qui l’énerve au plus haut point.

Elle explique que sa mère vit désormais chez une amie, qu’ils se téléphonent souvent mais se voient que très rarement.

Sa mère s’entend très bien avec son amie, et tant Sabine que Mario sont très contents car ainsi elle peut d’une part assouvir avec elle ses envies de voyage et d’autre part, elle s’occupe moins d’eux.

Elle lui explique par ailleurs qu’après sa fuite, au retour de son père, ce dernier a été très déprimé. Il s’est senti abandonné par tous.

Que sa mère est venue la chercher à Vienne, qu’elle a dû remplir des tas de papiers, formulaires et questionnaires afin de toucher une aide sociale et qu’ensuite ils sont partis chez Mario.

Elle ajoute que c’est magnifique, tu t’enfuis de ton pays et tu reçois encore de l’argent pour cela …. En fait, elle exagère. Tout n’est pas si simple sur place. Elle passe de bureau en bureau et doit sans arrêt répondre à toutes sortes de questions. Une fois, un fonctionnaire lui a même dit qu’elle n’aurait pas dû venir ici.

Un autre employé, ex citoyen DDR, lui a expliqué pourquoi il lui avait tenu ce discours. En fait, sa formation n’avait pas été reconnue en Allemagne et il avait ainsi fui, ne voulant plus être sous-estimé.

Sabine a passé les deux premières semaines chez Mario, ne sachant que faire de sa vie. Elle ne savait pas par quel bout commencé. Elle ne voulait en tous les cas pas étudier, mais plus volontiers gagner de l’argent

Elle a réussi à trouver un travail grâce à une sommelière qui l’avait prise en amitié, lui disant qu’elle avait vu une annonce. Une maison de retraite recherchait du personnel non qualifié. Sabine s’y est rendue le jour suivant et a été embauchée. Elle trouve les personnes âgées très gentilles, mais ses collègues moins. Ils font toujours des blagues sur la DDR.

Une fois, Sabine a fait la remarque qu’il n’y avait visiblement pas de crèches. On lui a répondu que les mères préféraient s’occuper eux-mêmes de leurs enfants. A cela, Sabine a rajouté « les pères au chômage peuvent en faire autant », ce qui a déclenché un véritable débat, lui faisant remarquer que c’était elle en venant chez eux qui vidait les caisses de l’Etat en demandant une aide sociale, elle qui n’avait rien fait pour l’Etat. Que sa mère percevait une rente plus élevée que la sienne, alors qu’elle n’avait jamais travaillé ici ?

Bref, que l’Etat devrait interdire à tous les étrangers de venir chez eux, aussi les Polonais et les russes. Qu’il y avait déjà beaucoup trop d’étrangers chez nous.

Sabine exprime toutefois le fait qu’elle est allemande et pas étrangère.

Sa collègue rétorque qu’ils ne peuvent pas continuer ainsi à dilapider leur argent en aidant des étrangers qui, pour la plupart, n’ont même pas envie de travailler, se portant malade pour un rien, qu’elle est une exception mais que pour eux, les étrangers sont tous dans le même panier.

A ce moment, une collègue prénommée Maria est rentrée et calme le jeu en disant à Sabine. Ils s’énervent car ils savent que sans nous, les étrangers, ils peuvent mettre la clé sous la porte. Sabine s’empresse de lui dire qu’elle ne vient pas de Pologne mais d’Allemagne. A cela, Maria lui répond qu’ici elle est autant étrangère qu’elle.

Maria lui apprend qu’elle est grecque, certes pas des îles, mais grecque quand même. Les deux femmes sympathisent.

Sabine raconte également à Thomas qu’elle se sent constamment épiée et évite de mettre de nouveaux habits pour éviter des remarques désobligeantes du genre c’est avec notre argent que tu l’as payé.

Sabine s’enquiert ensuite auprès de Thomas de l’existence de leur groupe sur l’environnement ? Elle se demande si elle a fait le bon choix, peut-être que si elle avait obtenu le visa de voyage, elle n’en serait pas là.

Elle parle ensuite de son père qui est triste d’être tout seul désormais. Il ne souhaite pas qu’on lui écrive ou qu’on lui téléphone. Qu’il s’annoncera en temps voulu.

Elle ajoute que sa vie a tellement changé, que des fois elle se réveille au milieu de la nuit, se demandant comment tout ça va évoluer. Que désormais elle doit se comporter comme une adulte. Qu’il ne la reconnaitrait pas tant elle est devenue sérieuse. Elle a l’impression de s’être condamnée toute seule et que les problèmes germent dans sa tête.

Elle rajoute de ne pas s’inquiéter si sa lettre est timbrée de Leipzig, car elle l’a remise à l’amie de sa mère qui se rendait justement sur place.

Sabine n’a pas longtemps à attendre avant la réponse de Thomas.

Il était désespéré de n’avoir reçu aucune de ses nouvelles, ajoutant que de ce fait son grand-père voulait se rendre à Hambourg et faire des recherches. Il lui dit que ses deux amies, Renate et Karin, étaient également très anxieuses de ne pas avoir de ses nouvelles, d’autant plus qu’elles ont été choquées d’apprendre sa fuite.

Que sa sœur Julchen a été très vexée qu’elle parte sans lui dire au revoir, ce d’autant plus qu’elle lui avait fait un cadeau d’adieu, un portrait d’elle-même.

Il lui parle du groupe sur l’environnement dont beaucoup sont partis, mais qui défilera quand même le 7 octobre prochain pour célébrer les 40 ans de la formation de la DDR.

Que pour sa part, il ne regarde plus la télévision locale, car ils ne racontent que des mensonges. Que sur les ondes de l’Allemagne de l’ouest, on ne voit que des réfugiés de la DDR tout souriants. Qu’il se sent comme le dernier mohican …que sa famille restera jusqu’au bout, sa mère ne voulant pas abandonner ses patients et ses grands-parents ne voulant pas abandonner leur fille.

Que son père lui a écrit et lui a aussi envoyé un paquet, mais qu’il ne peut pas en parler à sa mère. Que demain ils vont chez le photographe pour que son père ait une photo récente de ses enfants dont il a la nostalgie.

Qu’il n’a pas eu le courage de partir avec belle bien que l’envie ne lui manquait pas. Que son ami Wolfang n’est jamais retourné de ses vacances. Qu’il se sent aussi condamnée qu’elle.

Que son amie Karin a rencontré son père qui avait l’air peu bien et qu’il lui a demandé de vos nouvelles, mais elle ne savait rien de plus que lui.

Il lui rappelle de ne pas oublier la DDR.

Après avoir lu la lettre, Sabine est toute triste. Elle regarde le portrait de Julchen qui lui semble déjà lointain. C’est la première fois qu’elle a l’impression d’avoir pris de la distance avec la DDR.

Grâce à sa collègue Maria, la vie est un peu plus agréable. Elles flânent dans les rues, vont au cinéma, bref prennent un peu de bon temps.

Elle apprend aussi à connaître la famille de Maria qui est également dispersée. Ses deux frères vivent en Grèce, ses parents à Hambourg et la grand-mère qui fait les allers et retours entre les deux endroits.

Lorsque Sabine veut remettre la lettre dans son enveloppe, elle découvre qu’une autre y est encore.

C’est une deuxième lettre de Thomas qui lui explique qu’il est tout retourné. Qu’il est allé aujourd’hui à sa première manifestation, qu’après être resté un peu à l’écart en tant que spectateur, il a rejoint les rangs sur les conseils de ses amies Karin et Renate. Qu’il s’est senti envahit d’une force nouvelle et qu’il a crié avec la foule « rejoignez-nous ».

Qu’il a trouvé que les habitants de Leipzig ont eu du courage de se mêler à la foule alors que personne ne savait ce qui allait se passer en agissant de la sorte.

Qu’il était heureux, qu’il avait l’impression qu’un voile s’était levé de son visage, qu’il se sentait soudain libre et léger. Que si quelque chose allait changer chez eux, il voulait être de la partie. Chaque jour, chaque seconde. Il ne voulait plus perdre une minute, qu’enfin il allait vivre !!!
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