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le papillon de Francis Ponge

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le papillon de Francis Ponge Empty le papillon de Francis Ponge

Message par Admin Mar 26 Mai 2009 - 6:04

Introduction

Le papillon est un animal presque mythique, d'abord chenille, après la chrysalide il se transforme en être volant. Dans cette transformation il y a quelque chose de magique, de merveilleux. On a vu dans la chrysalide l'image de la mort et de la résurrection. Dans le cocon, véritable tombeau, la chenille meurt pour ressusciter, le ver, la chenille est ignoble, il représente le corps, la vie terrestre. Le papillon est merveilleux, il est beau, il représente la vie Céleste, celle de l'âme détachée du corps. Le corps mortel est de boue, de terre, le corps céleste est de feu et d'air, le papillon représente ce corps de gloire qui a vaincu la mort. Que reste-t-il de cette symbolique dans le poème de Ponge ? Le papillon semble être né de la terre, appelé, suscité par le sucre des fleurs, mais il a été chenille il porte encore la guenille de son ancien corps dont il lui reste le souvenir. Enfin, devenu aérien, il se confond avec son nouvel élément, le vent et l'air.

génération spontanée

Les Papillons semblent naître du sol : « un grand effort se produit par terre d'où les Papillons tout à coup prennent leur vol. », leur naissance semble se faire au contact de la terre. Dans l'ancienne science on croyait à la génération spontanée, on pensait que les insectes naissaient de la boue. C'étaient donc des êtres asexués dont la génération n'était précédée d'aucune fécondation. C'est quand surgit le sucre au fond des fleurs qu’apparaissent les Papillons, ils prennent alors leur envol. Ils apparaissent appelés par le sucre, leur vol est erratique, hasardeux, il ne semble pas obéir à une motivation précise, ils sont aveuglés, ivres. Le papillon a comme nature le feu, c'est une allumette volante dont la flamme n'est pas contagieuse.
Sa naissance est encore une explosion, les ailes en sont les flammes surgies de la force, de l'impact de la déflagration, sa tête et son corps en paraissent encore noircis. Mais lui-même ne peut communiquer cette déflagration car sa flamme n’est pas contagieuse, de toute manière l'éclosion, forme d'explosion par paronomase, a déjà eu lieu quand le papillon commence à butiner. Pourtant quelque chose a précédé le papillon, son corps a perdu de la masse, de la chair, il est sorti amaigri de l'épreuve du feu. Il n’est donc pas né de rien, il est parti de quelque chose, il reste encore des traces, des indices d'un état antérieur. C'est qu'avant le papillon, il y avait la chenille.

Chrysalide

La chenille c'est l'inavouable du papillon, son passé caché qu'il ne veut plus reconnaître, quand il rampait, quand il mangeait la terre. Son apparence était ignoble, rien à voir avec la beauté présente, il a gardé quelque ressentiment de cet état passé, pire, un sentiment d'humiliation. Son abdomen garde les stigmates de cette laideur, c’est lui qu’il plonge dans la corolle des fleurs, guenille atrophiée qu’il enfonce en dard dans les fleurs qu’il pénètre. Dans son existence de chenille, ces fleurs superbes lui restaient inaccessibles, il ne pouvait que ramper au « pied des tiges », il tient sa revanche, il les dépasse, vole au-dessus d’elles
La révélation est un moment essentiel de l’initiation, elle représente le dévoilement de la divinité dans la clarté, après le passage par le tunnel, labyrinthe obscur, métaphore de la mort. La révélation se fait dans l’éblouissement, l’aveuglement, le myste accueille l’initié dans la lumière. La chrysalide, comme le labyrinthe, devient représentation mystique, le papillon au sortir de la chrysalide a connu l’éblouissement, l’aveuglement : « (…)comme chaque chenille eut la tête aveuglée », les ailes lui ont poussé au terme de l’épreuve, comme pour l’âme platonicienne avant qu’elle ne s’envole vers sa patrie céleste, les ailes pour Platon, suivant un jeu de mots en grec, intraduisible en français : « ’έρος – πτερόν : désir (éros) aile (ptéron) », sont désir, aspiration à l’envol. Comme désir, le papillon n’a que les fleurs à tel point qu’il en devient les pétales envolés : « maltraité par le vent en pétale superfétatoire », une forme d’accessoire inutile, superfétatoire de celles-ci.
La chenille était collée à la terre, elle n’était qu’une avec elle, le papillon, lui, se fond dans l’air.

Le vagabond des airs

De la chenille au papillon, on passe de la terre à l’air, de l’élément le plus lourd au plus subtil : «Minuscule voilier des airs », l’envol se fait ascension, de la chenille à l’insecte c’est aussi un changement de dimension, davantage même, un changement d’être. Comment un être aussi rampant peut-il devenir aussi volant ? Qu’est-ce donc qui dans la chenille était déjà papillon ? et dans le papillon il reste de la chenille atrophiée ! par paronomase, sa guenille ! Guenille, défroque, sont des termes par lesquels le mystique désigne son corps mortel, « sa dépouille mortelle », dépouille comme guenille a comme sens possible le vêtement. Le mystique dans son aspiration à gagner l’autre monde, martyrise cette guenille, cette dépouille misérable, mais c’est à un dépouillement total, à un déshabillage intégral que tend son âme.
Le Papillon ne se serait, dans le cocon dépouiller que d’une partie de son vêtement, la chenille n’aurait été qu’une apparence vestimentaire du papillon dont il se serait défait dans l’explosion de la chrysalide. A cette belle âme il ne reste pas qu’une guenille atrophiée, souvenir de son existence précédente, mais aussi des habitudes, des manières, cette façon de se conduire en lampiste, voilà bien un travail d’une certaine pesanteur qui chaque fois repose la belle créature sur la fleur dans le but de vérifier un niveau d’huile. Ce souci même de vengeance témoigne de la vie antérieure du vagabond des airs.
Papillon inutile, il se confond avec quelque pétale perdu dont la fleur se serait débarrassée, « pétale superfétatoire » emporté par le vent, flammèches embrasement « d’ailes symétriques », le papillon a rejoint son élément, il a quitté la terre et n’est déjà plus de ce monde.

Conclusion

Dans ce poème nous découvrons une forme de tableau en mouvement, le papillon exige la mobilité, on ne peut le peindre en pied ! Le poète suit ce jaillissement qui suscite son image aérienne. Explosion, déflagration le papillon s’oppose à la fleur par ce mouvement brusque qui l’a fait naître, la fleur reste immobile. L’aile devient comme un pétale animé, détaché de la fleur, d’ailleurs le papillon est tout entier détachement, son être est le détachement, séparé de la chenille dont il s’est défait comme d’une défroque usagée, détachement de la fleur elle-même qu’il quitte à tout instant pour une autre. Le papillon papillonne, amoureux volage qui va de l’une à l’autre, vagabond dont le caractère volage garde quelque ressentiment d’une vie antérieure à faire la chenille au pied de belles dédaigneuses.



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